La Clarinette romantique

Ce récital met en lumière l’un des dialogues les plus sensibles du répertoire romantique : celui entre la clarinette, instrument de souffle et de chaleur, et le piano, partenaire tantôt accompagnateur, tantôt interlocuteur passionné. Au cœur du programme, deux sonates tardives de Johannes Brahms et les Fantasiestücke de Robert Schumann composent un parcours expressif, entre introspection, lyrisme et élan poétique.

Composées en 1894, les Sonates op.120 de Brahms représentent l’ultime période créatrice du compositeur. Destinées à l’origine à la clarinette, mais aussi transcrites pour alto, elles témoignent d’un art de la conversation musicale d’une subtilité extrême. La première sonate, en fa mineur, déploie une gravité noble, avec des élans dramatiques tempérés par une tendresse presque crépusculaire. La seconde, en mi bémol majeur, plus lumineuse, joue sur l’ambiguïté des lignes, l’équilibre des timbres et une forme de liberté intérieure qui en fait l’une des œuvres les plus élégantes de Brahms.

En miroir, les Fantasiestücke op.73 de Schumann, composées en 1849, révèlent une veine plus spontanée, plus fantasque. Ces trois pièces brèves, conçues comme des esquisses de rêverie, passent avec fluidité de la douceur la plus intime à l’élan le plus vif. Le dialogue entre clarinette et piano y est empreint de charme, de poésie et d’une forme d’élan romantique pur, à la fois aérien et ancré.

Vincent Chaignet, clarinettiste à la sonorité ronde et expressive, et Sebastian Éné, pianiste raffiné et coloriste, mettent leur complicité musicale au service de ces pages parmi les plus belles du répertoire de musique de chambre. Leur interprétation, à la fois rigoureuse et sensible, trouve un cadre idéal dans l’acoustique chaleureuse du Château de Courtanvaux, propice à ces échanges profonds et feutrés entre souffle, harmonie et silence.